Pourquoi dès son arrivée, en juin 2017, Antero Henrique, que vous ne connaissiez pas, vous a-t-il fait confiance ?
Parce qu’au-delà du fait qu’on parlait la même langue, on a été complémentaires dans*le dossier très compliqué du transfert de Kylian Mbappé à Paris. Durant l’été, je lui ai suggéré de passer à l’offensive. Je venais d’apprendre que le Real Madrid n’assurait pas une place de titulaire à Kylian, j’ai donc proposé à Antero qu’Unai Emery s’engage en ce sens auprès de lui.
Un engagement qu’il a pris lors d’un déjeuner dans la maison familiale de Bondy…
Oui, ce jour-là, je me souviens à quel point Unai a été très fort, très bon ! Il a donné sa parole à Kylian qu’avec lui il jouerait. Et il a tenu sa promesse. Kylian n’était pas tout à fait prêt lors d’un match de Ligue des champions mais Unai s’était engagé, alors il l’a fait jouer quand même.
Étiez-vous souvent à Monaco cet été-là ?
Au départ, je faisais des allers-retours très fréquents. Mais un soir je suis rentré à Paris à 22h30. À mon arrivée, j’ai appelé Antero pour faire le point et il s’est étonné que je ne sois pas resté dans le Sud. Le lendemain, à 6 heures je prenais le premier vol. Deux heures plus tard, je sonnais à la porte des Mbappé avec les croissants*(rires).
Le 6 septembre 2017, jour de la présentation officielle de Kylian Mbappé au Parc des Princes (ici, avec son frère Ethan et son père, Wilfrid).*LP/Fred Dugit
Quel était le but de votre présence permanente ?
De rassurer la famille. Antero Henrique m’avait donné carte blanche mais il m’avait prévenu : « Ce transfert, on doit le faire ! » Je me suis rapproché de*Marc Westerloppe, qui connaissait bien la famille. À ce moment-là, ma tête était 100 % consacrée à Mbappé ! Mon but était de les convaincre de ne pas opter pour le Real Madrid. Et ça n’a pas été simple, Jorge Mendes*(NDLR : célèbre agent qui travaillait sur le dossier pour le Real)*m’a fait la totale pour qu’on abandonne*(rires).
Qu’est ce qui a fait la différence en faveur du PSG ?
Le projet sportif. S’il y avait eu un agent à la table des négociations, Paris n’aurait sans doute jamais fait signer Kylian. Mais comme c’était le papa et la maman de Kylian qui le représentaient, jamais l’argent n’est entré dans la réflexion. On était à un an de la Coupe du monde, Kylian avait 18 ans, et ils ont compris qu’à Paris il allait jouer. Alors qu’au Real, il y avait encore*la BBC (Benzema, Bale, Cristiano Ronaldo).
Vous souvenez-vous du jour où Mbappé a donné sa réponse à Paris ?
Oui bien sûr, car au moment où il nous a dit oui, les réticences étaient fortes au PSG. Pas du côté du sportif, mais certains au club pensaient que ça ne passerait jamais au niveau du fair-play financier. C’est aussi pourquoi la signature a eu lieu aussi tard le 31 août à l’hôtel des Bleus à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), après une nuit de négociations au siège du PSG.
Avez-vous continué à jouer un rôle actif auprès de la famille après cette signature ?
Non, mais on a noué une relation de confiance et de complicité. Je parle souvent de football avec Wilfrid, le papa de Kylian. D’ailleurs, si un jour je prenais un club de foot, c’est à lui que je confierais les clés du sportif. Je partage à 100 % sa vision du foot.