La mesure de ce que l’on a perdu.

[Seigneur Morgoth]

Afin d’offrir aux supporters que cela intéresse toujours plus d’informations et d’anecdotes sur l’histoire de notre club favoris, je m’étais comme à l’accoutumé mis à feuilleter et répertorier certaines de mes archives. Je savais d’ors et déjà que l’épreuve de la semaine allait être difficile car le moment était venu de passer en revue des France Football daté de l’année 1992. Entre le titre de Champion de France perdu pour cause de corruption marseillaise et la finale de Coupe d’Europe transformé en cauchemar le lendemain du drame de Furiani, je savais d’ors et déjà que cette petite virée dans les vieux journaux allait faire remonter quelques ressentiments et bien des regrets.

C’est ainsi armé d’une fébrile carapace construit à l’aide d’une peu habile méthode Coué que je me lance dans l’aventure pour éviter de sombrer dans la nostalgie malsaine d’une saison formidable qui avait finis dans la plus noire des pénombres. Et pourtant je n’étais décidément pas préparé à ce que j’allais découvrir dans ce vieux France Football daté du 24 mars 1992.

C’est à l’origine une double page assez anodine coincé en troisième partie du journal et ayant pour titre « Marseille ne fait plus rêver ». Mais c’est son sous-titre qui attire toute mon attention : 48% des joueurs votent Monaco, loin devant les autres clubs.

L’exercice ?
France Football à effectué un sondage auprès de 100 joueurs professionnels de D1, à raison de 5 joueurs par club de la division. On retrouve dans ce sondage entre autre les monégasques Dib, Gnako, Mendy, Puel et Valéry mais aussi les auxerrois Cocard, Roche et Vahirua, les caennais Dumas, Paille et Gravelaine, les cannois Durix et Sassus, les lensois Boli, Laigle, Lama et Wallemme, les marseillais Deschamps, Di Méco, Casoni et Sauzée, les nanceins Gava et Zitelli, les nantais Burruchaga, Desailly, Eydelie et Ferri, les parisiens Germain, Le Guen et Simba et enfin pêle-mele des Silvestre, Passi, Pavon, Cyprien, Moravcik et autre Divert (pour le jeu de mot).

Le tout pour une question sommes toute simple : Entre Auxerre, Marseille, Monaco et le Paris SG (ndl..moi : le big four de la décennie), dans quel club préféreriez-vous jouer ?
Le résultat est alors sans appel :
1 – Monaco : 48%
2 – Paris SG : 27%
3 – Marseille : 17%
4 – Auxerre : 3%

Le votants sont connus mais le vote lui, reste secret, et les commentaires qui suivent sont anonyme mais n’en restent pas moins évocateurs.

Alors bien sur, quelques-uns s’en tiendrons à un simple « Le soleil toute l’année » et un « plus calme que les autres ».

Mais la majorité des votants « monégasques » ont pris l’exercice au sérieux et c’est là, ici-même que l’on prend la mesure de ce que l’on à perdu aujourd’hui.
Monaco c’est « Une vrai école de football », un club qui à une « superbe image de marque ».

Un stéphanois avoue : « Les monégasque ont un objectif précis et ne font pas n’importe quoi pour y parvenir ».
Un lyonnais renchéris : « La saine situation de concurrence permet de progresser »
Un auxerrois ajoute à son tour : « C’est une formation où l’on est sur de pouvoir jouer sur la duré, alors qu’a l’OM on ne sait pas où l’on va ! »

Les joueurs de D1 envient les joueurs monégasques d’avoir une équipe dirigeante « plus honnête que les autres » et un entraîneur « à l’écoute de ses hommes ».

Derrière ces citations l’ont trouve dans cette article le fondement général du vote des joueurs au profit de Monaco : Ambition, Stabilité, Solidité, Régularité et Sérieux. Ni plus ni moins.

Je conclurais par le stéphanois Christophe Deguerville qui fut le seul à accepter de parler à visage découvert : « Je rêve de jouer à Monaco…là-bas, le club à de l’ambition et ne subira jamais de révolution. Les joueurs ne pensent qu’au football. Je me retrouve complètement dans le style de jeu pratiqué que l’on dirait vu de l’extérieur appliqué par une bande de copains qui s’encouragent »


Ouf ouf ouf !! (Grandes respirations)
Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur. Monaco est deuxième, Nene meilleur buteur.


Non décidément, cela ne marche pas !
Peut-être qu'en me lamentant sur vizu..............

[Mimo]

Ca fait plaisir de te relire :)

Et oui, ya 15-20 ans on faisait rever: les gosses et les joueurs pro.

Aujourd'hui on parle meme plus de nous à Stade2, on est pret de refaire envie à une génération de gosses...

[Spree]

En creux, tu veux nous dire que le conjoncturel n’efface pas le structurel. Que notre deuxième place ne doit pas masquer notre déclin, notre effondrement. Tu as raison. C’est une vérité.

Mais je pense que peu de vizuteurs analysent cette 2ème place comme le retour du grand Monaco, du Monaco que tu évoques. On sait d’où l’on vient, on sait quel Monaco nous a fait venir, pour beaucoup, au supportariat. On sait que ce Monaco n’existe plus.

Est-ce fichu ? Totalement et irréversiblement fichu ? Voilà la question à laquelle il serait intéressant de répondre, intéressant de nous éclairer par la lumière de tes lanternes… Je serai vraiment curieux de lire ton sentiment, ta prédiction, ton point de vue. Peut-on redevenir une des places fortes, une des places enviées, une des places rêvées du football français ?

Je n’ai franchement pas la réponse. Mais il est clair que nous n’avons pas aujourd’hui les clefs de ce renouveau. Ceci dit, le conjoncturel peut aider au structurel à se régénérer. Et le conjoncturel fait surtout du bien, simplement du bien. Et si cette équipe tient le cap atteint lors de ces 10 premières journées de championnat, je serai fou de joie, même conscient que le château reste à reconstruire.

[Bryce de Menou]

Mon optimisme causera t-il ma perte?

En tout cas j'ai envie de penser que si cette époque que tu présentes Morgoth (ravi de te relire!:)) est belle et bien révolue depuis maintenant un certain temps, cela ne signifie pas pour autant que notre club va rester le club assez anonyme et moqué qu'il est depuis quelques années.

J'ai envie de penser que si la page que l'on tourne depuis maintenant 4-5-6 ans est lourde et donc très dure à tourner, on peut espérer être sur la bonne voie et se retrouver face à un avenir plus radieux.

Je comprends que les plus anciens des supporters monégasques aient une boule au ventre quand ils repensent au jeu qu'ils ont un jour vu au Louis II, au Prince Rainier arborant fièrement son écharpe rouge et blanche, au respecté président Campora que l'on craignait et qui était l'AS Monaco quasi à lui seul, aux grands joueurs qui sont nés à l'AS Monaco ou aux grands joueurs qui y sont passés.
Oui cette époque est révolue. Elle a sans doute connu son point final avec le dernier titre de champion en 2000.

Mais cela signifie t-il qu'une belle page, certes différente car d'une autre époque et avec d'autres hommes, ne peut pas se recréer?

Sans doute suis-je aveuglé par un début de saison et des motifs d'espoir comme on en avait plus connu depuis des lustres, mais j'ai envie de penser et d'espérer que la période noire qu'a connu notre club se trouve maintenant derrière nous, proche certes, mais derrière nous.

Après une période dramatique à tous points de vue, le club semble se réassainir et vouloir repartir de l'avant en s'appuyant sur des gars confirmés qui savent taper du poing et qui connaissent les ficelles du haut niveau à défaut de connaitre celles du très haut niveau.

Il faut avancer étape par étape. Nous ne retrouverons pas le très haut niveau qui était devenu l'ami du club tout de suite, pas après être descendu aussi bas. mais nous le retrouverons. Demain, après-demain ou le jour suivant. Le tout est de construire des bases solides pour ensuite remonter de plus en plus haut.

En ce début de saison, nos équipes de jeunes semblent renaitre et évoluer toutes en même temps, coachées par des mecs qui connaissent ou aiment le club.
L'équipe première a su faire le tri et se bâtir sur un mélange judicieux entre futurs grands joueurs, joueurs confirmés en France, joueurs de devoir et deux ou trois cracks. Aujourd'hui, emmenée par un mec qui réussit plutôt bien à tirer la quintescence de ses équipes, elle semble avoir un potentiel intéressant.

Alors j'imagine que vous les anciens vous n'avez pas envie de vous contenter de cadres du niveau de Puygrenier, Alonso ou Gosso mais regrettez le temps où l'ASM s'appuyait sur des mecs plus reconnus au niveau international. Mais nos joueurs actuels prépareront le terrain pour une nouvelle belle génération de joueurs, qui préparera le terrain à la suivante, etc.

Le club semble enfin pouvoir s'appuyer sur des bases saines et solides à défaut d'être luxueuses.

Paris ne s'est pas faite en un jour comme on dit. Donc si la grande ASM ou une grande ASM doit renaitre un jour, elle ne le fera qu'après un cycle ou bonne gestion humaine et résultats sportifs seront au rendez-vous. A condition de ne pas faire n'importe quoi, je crois qu'on peut faire quelque chose de l'ASM actuelle. Je n'aurais pas dit la même chose de la précédente.

Jamais nous ne pourrons revoir l'ASM que vous avez tant chérie dans les 90's-2000's. C'était une autre époque. Mais à nous de croire en l'ASM 2010-....! Elle peut redevenir un club d'abord respecté, puis apprécié, puis aimé, puis souhaité par les très grands joueurs. Je suis peut-être naïf mais j'ai envie d'y croire.

C'est maintenant ou jamais. A l'image de L'OL qui a grandi dans la nôtre, on peut grandir dans la roue de Bordeaux qui a pris un bel envol ces dernières années et qui semble être le club de demain.

[MrGeorge]

Endormi, convalescent, mal géré ou bafoué, Monaco reste un grand club, mais le renouveau passera par la stabilité, et c'est un peu ce qui semblait plaire aux joueurs interrogés à l'époque. Sans cette stabilité, Monaco survit mais n'est pas grand (pour avoir une échelle de grandeur, je me demande si on ne peut pas dire que sans stabilité, les petits clubs coulent).

Je dirais donc que nos bons résultats du moment sont malheureusement encore anecdotiques - à cela près qu'ils peuvent déboucher sur une qualification européenne et donc contribuer à la stabilité (de l'effectif en premier lieu).

Si la valse des dirigeants s'arrête et si Lacombe reste plus de deux ans, ce sera déjà deux bons points pour notre capacité à "savoir où on va" et pour notre sex-appeal sportif.

[Pleneuf]

Ecoutes Morgoth et ce message est aussi adressé à Chula qui est complètement dans la même ligne de nostalgie tragédienne. La plupart des gens ici on vécu cette période de pleinitude où on luttait pour le titre chaque saison.

Je n'ai pas besoin de faire de longs couplets pour faire dans le pragmatisme le plus froid. Le plus court chemin vers le retour des vaches grasses: c'est bien le succès. Ce qui a attiré le socle de jeune, vainqueur du championnat des réserves y'a deux ans déjà, c'est bien cette idée que Monaco est environnement stable sportivement. Faut pas oublier que ces jeunes qui ont aujourd'hui dans les 20ans sont au club depuis 5 ans et on bercé le rêve de rejoindre la bande à Deschamps dans les annales de l'AS Monaco.

Si on retrouve la ligue des Champions, tout peut s'accélérer. Je trouve qu'on a assez mangé notre pain noir pour tomber en dépression alors le club retrouve du souffle. Je ne prétends pas qu'on jouera la C1 mais la coupe d'Europe est bel et bien un objectif raisonnable pour cette année: et c'est bien la seule voie connue pour retrouver une hégémonie.

[Altissimo]

J'avais ce numéro et je me rappelle bien de cet article qui confirmait cette image de club stable et ambitieux qui comptait bien plus pour moi que les différents titres acquis. Dans le même ordre de choses, le directeur sportif de Lens qui est allé au PSG vers 96, je crois, disait que le modèle à suivre était la politique de l'ASM qui recrutait trois, quatre internationaux et s'appuyait sur son centre de formation très performant à l'époque.Malgré l'image de club riche que véhiculait l'ASM, le club ne faisait pas de folies genre OM ou PSG et entretenait une sorte de bienséance dans le monde du foot. On sortait donc régulièrement de bons jeunes qui progressaient vite au contact des internationaux et qui restaient assez longtemps chez nous, arrêt Bosman n'existant pas encore et quotas d'étrangers stricts en vigueur dans les clubs européens. D'ailleurs, il n'est pas anodin de constater qu'au sein de l'équipe de France championne du monde, l'ASM a fourni le plus de joueurs formés.
Maintenant pour retrouver les sommets, appliquer les mêmes recettes aujourd'hui est-il possible et porteur de certitudes alors que beaucoup de paramètres ont évolué, je ne sais pas. Ce que sais en revanche, c'est ce qui nous a précipité dans la médiocrité: dirigeants incompétents dans leur gestion d'effectif et des moyens financiers qui existaient, incompétents dans les choix d'entraîneurs dont l'un a contribué à nous appauvrir...

Ceci dit, le conjoncturel peut aider au structurel à se régénérer. Et le conjoncturel fait surtout du bien, simplement du bien.

Un exemple que j'avais déjà cité dans un autre topic, c'est Bordeaux. Ce club avait failli descendre lors de la dernière journée en 2003 ou 2004, sauvé par la défaite de Caen devant Istres. Bordeaux semblait condamné à une période de vaches maigres malgré De Tavernost. Ils recrutent des joueurs inconnus en 2ème division italienne et argentine. Qui connaissait Henrique, Alonzo, Fernando et Wendel arrivé plus tard ? Une place en ligue des champions et voilà un amorcement de période faste qu'ils ont su entretenir pour arriver à redevenir une place forte du foot français. Qu'en aurait-il été autrement ?

Moi aussi, Morgoth, malgré cette deuxième place, je ne me fais pas d'illusions mais j'apprécie. On ne peut pas passer des restes de poubelles au caviar et je me contente de la bonne choucroute aujourd'hui et j'espère, à l'instar de Bordeaux, le foot réservant parfois de bonnes surprises, qu'on aura ce passeport pour les sommets via une très bonne place au classement en mai.

[Mimo]

Dans le meme ordre d'idée un FF de 1999 demandait aux lecteurs qui serait pour eux LE club des années 2000.

Une grande majorité des gens (specialistes de foot ou pas) avaient cité l'AS Monaco, loin devant Paris, Bordeaux et marseille.

[jay-esse-jay]

Merci pour le post, Momo !


Ben n'en déplaise à Pleneuf, je suis nostalgique de cette époque !

J'ai connu l'ASM en D2, mais j'étais tout gosse (6/7 ans), depuis (1978), MON Club a toujours joué le titre et cotoyé les sommets.

Je dirai même que c'est plus que de la nostalgie, c'est de l'amour baffoué, du gâchis, comme une maitresse tant aimée et choyée qui vous crache à la gueule !


Je suppose que certains sont trop jeunes pour comprendre...

[MrGeorge]

J'ai pas connu la D2 mais ai supporté l'ASM pour la première fois en 87/88 avec ensuite quinze bonnes années de football de qualité pour me ravir.
Avoir cinq années de marasme sur vingt ans de supportariat ne me paraît pas indécent.
C'est plus dur parce que c'est des cinq dernières qu'il s'agit, mais ce rapport 3/4 - 1/4 est plutôt enviable à mon avis et c'est le plus calmement du monde que j'ai attendu que l'ASM reprenne des couleurs. Les boulets partent, les jeunes joueurs talentueux arrivent. Même si ça ne va pas aussi vite que l'on veut, ça se fait, c'est cyclique. L'équipe dirigeante ne semble pas aussi puissante mais le monde du football n'est plus le même non plus alors tout ça retrouve peu à peu son équilibre.